Les origines de la photographie en Vallée d’Aoste
Comme un pion sur l’échiquier
Le français Nicéphore Niépce (1765-1833) - qui vers 1816 il fait les premiers essais qui le mènent à inventer la "
photographie"- vers 1827 réalise la première photo:
Point de vue du Gras; un paysage de Saint-Loup-de Varennes (Bourgogne-Franche-Comté).
La "
daguerréotypie" (c’est-à-dire la photographie, car c’est Jacques Daguerre qui, vers la fin des années Trente, a améliore le procédé) atteint aussi la Vallée d’Aoste et arrive aussitôt dans la ville d’Aoste.
Le chanoine Georges Carrel (1800-1870), par exemple - qui amait les sciences phisiques - avait engagé des différentes expérimentations sur cette nouvauté. Les resultats? En 1843 Carrel arriva à faire sur une plaque métallique le portrait du capitaine du corps des Pompiers de la ville, M. Philippe Brivio. Cette passion ména le chanoine à réaliser plusieures photos et ceux qui les voyaient en étaient emerveillés.
Parmi les premières publicités parues dans les journaux valdôtains, on trouve en 1847 celle de Joachin Cosa, horloger à Verres, qui assurait:
Portraits daguerréotipes levés en une minute, à divers prix, suivant la dimension de la plaque d’argent.(1)
En 1862, par contre, J. Vuillier - un valdôtain de Courmayeur qui avait appris à Paris tous les procédés de l’art photographique - avait lui aussi fait de nombreuses épreuves d’un fini admirable. Ses essais furent présentés aux curieux réunis à l’occasion aux pieds du Mont-Blanc.
A partir de l’été 1863 Vuillier - qui faisait
le grand portrait, la carte et le paysage avec un talent digne des grandes villes qu’il habite
- s’établit à Aoste. La presse locale annonçait son arrivée pour le 6 juin et il devait rester au moins un mois; (...)
Aussi espérons-nous qu’il trouvera, dans sa patrie, un brillant concours à la commande.
Ce photographe avait établi son atelier en place Emile Chanoux, au premier étage de l’ancienne maison De Bosses(2)
avec une entrée secrète et toujours ouverte par la rue du Collège.
Les nombreux spécimens qu’on peut examiner dans son atelier, indépendamment des tableaux qu’il a exposés sur la voie publique, prouvent les assertions que nous avions avancées. M. Vuillier est bien le plus fort artiste, en ce genre, qui ait paru dans notre Ville jusqu’à ce jour.(3)La curiosité avait envahi toute la population aostoise mais, hélas, le photographe, comme promis, dut abandonner la ville après un mois de grand travail pour se déplacer dans la Valdigne.
Dès les prémiers jours du mois de juillet, en effet, Vuillier - comme un pion sur l’échiquier - était présent à Courmayeur pour y travailler pendant toute la saison des bains; au mois d’octobre il était déjà à Châtillon.
Après son travail dans la basse Vallée, le photographe Vuillier se renda à nouveau à Aoste les prémiers jours du moi du décembre 1863. Il fixa son nouvel laboratoire chez M. Tairraz à l’hôtel du Mont-Blanc (boulevard du Batallion d’Aoste) prévenant la population que l’atelier était bien éclairé et convenablement chauffé pour la bonne tenue de poses:
Les personnes qui voudront bien l’honorer de leur confiance, trouveront chez lui un assortiment de photographies microscopiques, lamposcopiques, stéréoscopiques, ainsi que des passe-partout et des cadres de toutes dimensions. (4)
En général, les prix étaient bien favorables: Carte de visite à 2 fr. la première copie, et à 50 c. les suivantes. Portraits encadrés, de 3 fr. et au-dessus.
A’ l’époque il y avait en activité, entre autres, aussi le photographe Felice Casanova qui
vient de déposer à la librairie Lyboz quarante vues dont les amateurs peuvent apprécier le mérite(5) et Annibal Ottino, qui toujours en 1864
prévient le public qu’à la suite des nouvelles expériences, il a réussi à obtenir des très beaux portraits en photographie.(6)
Dès lors...
(1) Feuille d’Annonces d’Aoste, 15 mai 1847. (2) Ce palais, qui se trouve au sud de la place, est actuellement occupé par le siège d’une banque. (3) Feuille d’Aoste, 16 juin 1863. (4) Feuille d’Aoste, 24 novembre 1863. (5) Feuille d’Aoste, 20 septembre 1864. (6) Feuille d’Aoste, 22 mars 1864.